Paroisse Ste-Geneviève

En héritage, une œuvre unique

Messieurs les Sulpiciens accordent les premières concessions à la «Coste» Ste-Geneviève en l’an 1717. Soit une soixantaine d’années après la prise en charge de la seigneurie de l’Île de Montréal. C’est la dixième et dernière paroisse à voir le jour sur l’île de Montréal.

C’est suite à la signature de la Grande Paix de Montréal en 1701 entre les Français et les Amérindiens que le développement se fait vers l’ouest de l’île. Alors on trace les trois chemins large de 18 pieds et le chemin du «Roy», aujourd’hui appelé boulevard Gouin. C’est en 1720 que le chemin du roi d’une largeur de 24 pieds prend forme définitivement.

Fondation de la paroisse

L’évêque de Québec donne en 1739 son approbation pour l’établissement de la paroisse Sainte-Geneviève. Il s’y trouve déjà sur le territoire tout près de 500 âmes. Au mois d’août de 1740 le courageux missionnaire d’origine française Antoine Faucon p.s.s. à peine âgé de 25 ans arrive au pays sur le Rubis en compagnie entre autres de son évêque Mgr François-Louis de Pourroy de Lauberivière. Ce dernier rendra l’âme une dizaine de jours après son arrivée en Nouvelle-France. Il aura été à la tête du diocèse du milieu de 1739 à l’été suivant. C’est vers la fin de 1740 que les travaux de construction du presbytère chapelle prennent fin.  Le jeune Antoine Faucon p.s.s. ouvre le registre de la paroisse le 1er janvier 1741. La première messe est célébrée dans la chapelle située au grenier le 3 janvier 1741, jour de la fête de notre sainte patronne. 

Monsieur Antoine Faucon voit à la construction de la première église de 60 pieds par 30 pieds qui accueille les premiers fidèles en 1751. Une centaine de personnes pouvaient y prendre place. Les paroissiens fabriquaient et installaient sans harmonie leurs bancs. Ce qui occasionna des situations particulières étant donné que plusieurs désiraient avoir la meilleure place.   

La conquête

Au moment de la conquête, les «londoniens» prennent possession de Montréal en 1763. Et au même moment la dîme est abolie. Ce qui complique la situation financière des Fabriques.

Les colons se sentent comme des orphelins et pour cause. Mgr Henri-Marie du Breil de Pontbriand vient de mourir. Son remplaçant  Mgr Jean-Oliver Briand qui reçoit l’approbation de Londres n’entre en poste qu’en 1766. Et durant ce temps, une grande partie de l’élite du pays retourne en France.

Afin de pallier au soutien financier des paroisses la criée est instaurée en 1767 pour la vente des bancs. Cette pratique disparaît au milieu du XX siècle. La dîme n’est remise en force qu’en 1774 pour les besoins du curé, mais également pour les malades, les pauvres et l’éducation.

En 1772 le presbytère original de 26 pieds par 14 pieds est agrandi.

Une nouvelle église

La nomination en 1828 de l’abbé Louis-Marie Lefebvre à la tête de la paroisse est déterminante pour le petite village. C’est un homme de projets et un visionnaire.

C’est sous sa gouverne que l’église actuelle est construite afin de remplacer la première qui était devenue trop petite. Les gigantesques travaux se sont déroulés entre 1843 et 1847. Suite à une initiative du curé Lefebvre le couvent des sœurs de Sainte-Anne qui dispensaient l’instruction aux gars et aux filles voit le jour en 1851. Aussi, le curé entrepreneur voit au déménagement d’un hospice sur le terrain du couvent. Cette audacieuse manœuvre s’est faite sur la surface glacée de la de la rivière Des Prairies. 

C’est l’éminent architecte Thomas Baillargé qui a élaboré les plans de son unique œuvre sur l’île de Montréal. La décoration intérieure a été réalisée entre 1844 et 1847 par Félix Barbeau selon les plans de Victor Bourgeau. Le maître autel est une réalisation du sculpteur Ambroise Fournier de Vaudreuil. Les autels latéraux confectionnés par Charles Dauphin ont été ajoutés en 1863.

À partir de 1859 le régime seigneurial laisse sa place au système municipal.

Le presbytère actuel a été construit en 1891 en prolongement de celui érigé en 1830.

Rénovations majeures

L’architecte Louis-Zéphirin Gauthier confectionne les plans du réaménagement de la façade telle que nous la connaissons, aujourd’hui. De nouvelles flèches font leur apparition. La hauteur des tours incluant les clochers est de 135 pieds. Par ailleurs les croix sont de 15 pieds de hauteur.

En 1924, sous l’initiative du curé J. Rodolhe Granger des rénovations majeures sont faites à l’église : chauffage, éclairage électrique, stalles en chêne dans le chœur, bancs neufs en chêne, un vestibule, nouveaux vitraux, nouvel orgue et les portes latérales sont déplacées des tours à leur position actuelle.

Les trois tableaux consacrés à Sainte-Geneviève sont l’œuvre de l’illustre peintre Ozias Leduc reconnu mondialement. Il les a réalisés entre 1926 et 1931.

L’abbé André Corbeil a laissé sa marque en procédant à la dernière restauration intérieure de l’église vers 1990. Les 7 000 sculptures ornant l’intérieure de notre magnifique temple ont repris vie.

Depuis 2003, une rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite a pris place discrètement derrière le muret adjacent à l’escalier. Et sous l’initiative du curé Robert Sirois la chapelle d’adoration a vu le jour dans l’emplacement qu’occupait autrefois la chambre à charbon. C’est un lieu intimiste que les paroissiens affectionnent. 

Par la suite, on a refait tout le parvis afin de le rendre sécuritaire.

En 2012, la maçonnerie de la façade a été réparée; les fuites qui se produisaient à l’arrière du clocher ouest ont été colmatées.

En 2013, nous avons entrepris de renouveller le recouvrement du toit qui datait d’environ 90 ans. Les travaux seront complétés à l’automne 2014.

Il restera à réparer plusieurs vitraux, à refaire la peinture extérieure des fenêtres. Un édifice qui a 170 ans demande un entretien continu mais un patrimoine comme l’est cette église mérite qu’on y mette l’effort afin de laisser un héritage précieux aux générations à venir.